Le contact, l’empreinte, la trace
2 juin - 22 septembre 2023
Emmanuel Brissier, Catherine Chansac et Patrice Pantin
Vernissage : jeudi 1er juin à 19 heures
Au commencement était l’empreinte. Celle du prédateur ou de la proie qui dessine sur le sol l’histoire d’une traque. Celle de la paume d’une main trempée dans l’ocre rouge et pressée sur la paroi de la caverne obscure. Celle d’une préhistoire de la photographie : les croisées d’une fenêtre apparaissant sourdement sur le papier photosensibilisé (William Henry Fox Talbot, autour de 1835 ; à cet instant, l’acte de naissance de la photographie n’a pas encore été déposé).
C’est avec toutes ces origines merveilleuses que nos trois artistes renouent. Et s’ils tournent autour de l’idée de photographie, ce n’est pas pour la décliner et l’illustrer, mais pour en explorer les frontières et la pousser dans ses retranchements.
Dans la tribu des chasseuses-cueilleuses, je demande Catherine Chansac ! Regardez-la parcourir la forêt afin de collecter les végétaux et autres formes vivantes qui seront la matière première de ses images. Voyez comme elle guette les rayons du soleil pour lui rendre culte. C’est qu’il est le principe indispensable à la création de ses cyanogrammes. Dans cette soupe primitive, entre ciel et océan, des vies naissent, se déploient et disparaissent. Mais elles auront laissé leur trace.
Emmanuel Brissier travaille la technique de l’héliogravure (ou héliographie : écriture du soleil) dont on se souvient qu’elle est à l’origine de l’invention de la photographie, puisque c’était le premier procédé expérimenté par Nicéphore Niepce. Dans l’ensemble du processus, les lumières, les ombres, les encres et les transparences s’entrelacent pour former les images, lesquelles s’ouvrent à toutes les variations.
Enfin, il y a le mystère ultime : les photographies de Patrice Pantin … ne sont pas des photographies ! Même pas un procédé approchant. Car l’artiste est un peintre et non un photographe. Ici, le réel n’a pas été caressé par la lumière ou l’encre, il a été recouvert, enveloppé. Frôlé. Nous sommes ici au plus près de cette notion d’empreinte : il ne s’agit plus de représenter le monde, mais de le maintenir.
Bruno Dubreuil / IEP
Commissariat : Images en partage